Décidément,
l’affaire Mediator est riche en rebondissements et tient ses promesses de
devenir un cas d’école pour l’étude des guerres médiatiques qui se livrent pour
la conquête de l’opinion.
Les récents
développements de l’affaire du Mediator ébranlent les convictions les plus
assurées et mettent en porte-à-faux les prises de position pour le moins
radicales d’un certains nombres de personnalités politiques (Ministres de la
Santé, agences d’état …) et des médias.
« Plus de 85 % des dossiers de
victimes présumées du Mediator sont jugés irrecevables par les experts du ministère de la Santé » a
révélé Le Parisien.
A ce jour,
seulement 20 dossiers d’indemnisation ont fait l’objet d’un avis positif de la
part du collège d’experts de l’ONIAM (Office national d'indemnisation des
accidents médicaux) mandaté par le Ministère de la Santé, tandis que 555,
c’est-à-dire l’immense majorité des dossiers pour l’instant examinés, ont été
rejetés pour « absence de liens de
causalité prouvés » entre les pathologies signalées et la prise de
Mediator. En outre, dans les quelques cas où le lien de causalité a été
reconnu, l’incapacité retenue est très faible, entre 5 et 10%.
Ces premiers
résultats sont très loin de la catastrophe sanitaire annoncée, et jettent un
doute sur la réalité de l’affaire et la crédibilité des chiffres avancés au
départ (500 à 2000 morts) ; ils posent aussi à terme, la question de la
légitimité des poursuites engagées contre Les Laboratoires Servier et des
véritables raisons qui les ont motivées.
Face à une
situation qui remet en question les prises de parole d’une multitude d’intervenants
et qui fragilise leur position « d’accusateurs publics », les
réactions ne se sont pas faîtes attendre ; leur examen est riche
d’enseignement sur les stratégies médiatiques développées par ces différents
acteurs.
Une affaire qui se dégonfle ?
Le faible
nombre de dossiers retenus par l’ONIAM met en péril la base même d’une
argumentation développée pendant 2 ans dans tous les médias, et considérée
comme valide. Le Mediator aurait provoqué de 500 à 2000 morts. Cette
argumentation reposait notamment sur les résultats d’études épidémiologiques
ayant, à l’époque, largement alimenté le dossier de l’accusation, et dont les
projections chiffrées ont été reprises systématiquement par les médias, lors
des quelques centaines d’articles édités sur le sujet.
Parallèlement,
les objections exprimées sur la validité de la méthode et la crédibilité des
chiffres avancés avaient été proprement enterrées par les médias. Or depuis
l’annonce du nombre de dossiers retenus par l’ONIAM, on observe dans les
articles de presse, une prudente révision à la baisse, du nombre de victimes
supposées sur 30 ans (même si il demeure important).
Cette remise
en question des chiffres présente un risque majeur pour l’ensemble des acteurs
impliqués :
-
Les
extrapolations chiffrées du nombre de morts avancées par les épidémiologistes Catherine
Hill et Mahmoud Zureik sont sérieusement questionnées.
-
La
dramatisation continue et générale de l’affaire par les médias apparaît
excessive.
-
Les
prises de parole et les décisions de l’ancien Ministre de la Santé, Xavier
Bertrand, et de l’ex-Afssaps sont réinterrogées, de même que celles de Gérard
Bapt, le président de la Mission d’Information Parlementaire sur le Mediator.
-
Le
contenu du rapport de l’IGAS, co-rédigé par Aquilino Morelle, actuelle plume de
François Hollande, suscite pour le moins quelques réserves.
La dimension
de « scandale sanitaire sans précédent »
tend à être invalidée par le faible nombre de dossiers retenus par la
commission d’experts indépendante de l’ONIAM, qui apparaît sans rapport avec
les projections antérieures (même s’il reste des milliers de dossiers à
examiner).
Au-delà des
chiffres, c’est l’ensemble du traitement de l’affaire du Mediator dans les
médias et les stratégies des différents intervenants qui sont remis en
question : une partie de l’affaire semblent en effet relever d’une
véritable construction et des techniques manipulatoires du storytelling de
façonnage de l’opinion.
Le « panurgisme médiatique »,
abolissant tout esprit critique et transformant les journalistes en techniciens
du copier / coller, construit un terrain plus que propice au développement de
ces techniques de marketing et de communication ; l’affaire du Mediator en
est un exemple flagrant, comme l’affaire, plus récente de l’étude sur les OGM
du Professeur Séralini.
La question
de la manipulation de l’opinion, et au premier chef, des medias, est clairement
posée : « Mediator : un
scandale sur-évalué ? »
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